Edgar Leroy (1883-1965)


Edgar Leroy, né le 17 avril 1883, fit ses études à Roubaix. Après un baccalauréat de lettres modernes et une licence en sciences, il fit ses études de médecine à Lille et épousa Claire Vacher, rencontrée en militant au « Sillon », mouvement de chrétiens démocrates, fondé par Marc Sangnier. Ils auront 8 enfants.

En 1914, il participa à la première bataille meurtrière de la Marne. Après la bataille de la Somme, il fut nommé responsable de l'hopital Bertin de Montdidier. Il y travailla avec son ami et collègue Noël Fiessinger. Ils décrivirent le syndrome « Fiessinger-Leroy » à la suite d’une grave épidémie de dysenterie dans l’armée à la fin de 1915. Lors des premières attaques allemandes au gaz asphyxiant Ypérite, il appliqua la méthode de la ventouse scarifiée pour traiter les séquelles pulmonaires des « gazés ». Il enraya, sur le front de la Somme, une grave épidémie de diphtérie qui lui valut la "Médailles des épidémies".

Après la guerre, en mai 1919 il s’installa à Saint Rémy de Provence pour devenir médecin psychiatre à l’« asile d’aliénés mentaux » de Saint Paul de Mausole. Il participa à la création d’une des toutes premières associations d’anciens combattants : « l’Union Fédérale » avec René Cassin Conseiller d’Etat, et fera avancer des projets et des textes de loi (pupilles de la Nation, Veuves de Guerre, pensions pour les grands blessés et les Gueules cassées, emplois réservés…). Avec Pierre Debrun, et Henri Rolland, il forma un trio à l’origine de la localisation de Glanum : sous la houlette de Jules Formigé, architecte en chef des monuments historiques,  ils firent démarrer  dès 1921 les « fouilles de Glanum ». Il fut le premier à publier les documents médicaux sur Vincent Van Gogh, et écrivit  en 1928, avec Victor Doiteau, médecin et amateur d’art, lié avec le docteur Gachet, dernier médecin de Vincent à Auvers-sur-Oise, un ouvrage de référence « La folie de Vincent Van Gogh ». Il créa, dans une cellule de l’établissement, un musée de mémoire, contenant la reproduction des œuvres peintes pendant l’année où Vincent séjourna à Saint-Paul. Son travail sur Nostradamus, publié par la ville de Saint-Rémy, fait toujours référence ; de même la publication du « Cartulaire de Saint-Paul » et les « Archives de Saint-Rémy-de-Provence».  Membre depuis sa fondation de la « Jeune République », il en fut un militant actif dans le sud de la France. Il participa avec toute sa famille au grand Congrès pour la Paix, organisé à Bierville en août 1926 par Marc Sangnier. Son engagement anti-fasciste le fit aussi  reconnaître par les anciens combattants italiens dont il présida l’Association.

A nouveau mobilisé en 1939, il eut pour mission d’organiser les hôpitaux de campagne du front d’Italie dans l’arrière pays du Gard au pied des Cévennes. Démobilisé en août 1940, il reprit ses activités auprès des saint-rémois. Il ne participa pas à la nouvelle organisation des anciens combattants créée sous l’égide de Vichy, la "Légion ". Il fut le médecin du noyau de la résistance que mettait en place Casimir Mathieu à Saint-Rémy. C’est ainsi qu’il eut à soigner des aviateurs américains dont la forteresse volante avait été abattue au-dessus d’Eygalières en août 1943.

En avril 1945, il fut élu conseiller municipal puis réélu en 1951. Il consacra ensuite les huit dernières années de sa vie à soigner et à publier les résultats de ses recherches. Il reçut de nombreuses décorations : Médaille d’Or des Epidémies, Chevalier d’Orange Nassau, Croix de Guerre, Chevalier de la Légion d’Honneur. Il était Lauréat de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres et honoré au Japon pour son œuvre sur Van Gogh. Il s’éteignit, à Saint-Paul, le 2 avril 1965. A l’occasion de ses obsèques, la population entière saint-rémoise lui rendit un hommage solennel. Le 11 septembre 1965, le Conseil municipal décida qu’une voie publique proche de Saint-Paul porterait son nom « Avenue du Docteur Edgar Leroy ».

Robert Leroy, janvier 2012

 


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